"Comment, même, pourrais-je être sûre qu'il est plus sage de résister ?"

C"Le premier mot", Vassilis Alexakisritique : Enfin terminé ! Il ne faut, cependant, pas prendre cet « enfin » au premier degré. Quand on voyage sans s’arrêter de Grèce en France, de France en Argentine, d’Argentine en Centrafrique en passant par la Chine,  il est vrai que l’on veut continuer, d’autant plus qu’ici, on voyage avec les mots. C’est beaucoup plus simple, ça coûte moins cher et ça laisse place à toute notre imagination ! Dans Le premier mot, on se laisse  empaqueter dans les bagages de la sœur de Miltiadis, professeur de littérature comparée décédé en lui demandant de découvrir le premier mot à jamais prononcé. On y apprend l’étymologie des langues  espagnole, maka, grecque, livonienne… On y apprend à dire « Mitterrand » en langue des signes « Vous devez vous souvenir que les canines de Mitterrand étaient particulièrement pointues. Les présentateurs  des bulletins d’informations en langue des signes le désignaient en montrant leurs canines de l’index et du petit doigt. ». Hantée par le fantôme de Miltiadis, notre héroïne va passer par bien des moments de  déception mais après avoir regardé un film de notre Dom Juan anglais préféré, James Bond, et avoir entendu des brimades sur Nicolas Sarkozy, elle sera bien en mesure de le découvrir, ce premier mot ! Cet  ouvrage est en effet un roman érudit qui, si certains lecteurs ne trouvent aucun intérêt à la formation et origine des mots, peut paraître assez ennuyant au premier abord.

Personnellement, il ne m’a, en aucun cas, apparu de cette façon là. Certes, il ne contient pas d’histoire, à proprement parler ; on discerne une légère trame pas très élaborée, mais c’est justement ce qui rend ce livre ni trop lourd ni ennuyant ! Imaginez, une histoire complexe et difficile à cerner, le tout doublé d’une tonne d’informations que l’on vous lance comme ça, d’un coup ! Ce serait excessif et pas assez réfléchi. Vassilis Alexakis n’en est pas à son premier livre ; ni à son premier prix, loin de là ! Il sait, en conséquence comment captiver le lecteur (en  donnant un minimum de bonne foi à ce livre, qui en vaut la peine !) et sait aussi nous faire voyager parmi cette gigantesque valise remplie de mots, qui nous transportent, chacun, vers des lieux imaginaires… Afin de terminer cette critique, quelqu’un n’aurait-il pas une cigarette ? Ce sera ma première mais « En essayant d’aspirer la fumée, j’ai été prise d’un terrible accès de toux. Je me suis levée d’un bond, croyant que je ne pourrais plus respirer. Mais je n’ai pas jeté la cigarette. ». 

8/10

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